Nils Palmieri et Julien Villion, à bord du Figaro TeamWork, ont franchi en vainqueurs la ligne d’arrivée de la Transat en Double Concarneau – Saint-Barthélemy à 00h08 (heure France/Suisse) ce lundi 31 mai 2021. Ils deviennent ainsi les premiers à inscrire leur nom au palmarès d’une transat effectuée à bord d’un Figaro 3. Le duo franco-suisse aura mis 18 jours 5 heures 8 minutes et 3 secondes pour parcourir les 3890 milles théoriques depuis Concarneau battant ainsi de 6 heures 40 minutes et 19 secondes le record de l’épreuve détenu par Adrien Hardy et Thomas Ruyant.
Nils Palmieri et Julien Villion auront réellement parcouru 4239 milles à la vitesse moyenne de 9,7 nœuds.
Une victoire avec les tripes et le cœur
Partis en outsider, mais avec l’envie non dissimulée de jouer devant, le duo TeamWork aura montré tout au long de cette transat à armes égales qu’il naviguait juste et avec détermination. Que ce soit au près dans le gros temps du golfe de Gascogne ou au large du cap Finisterre, dans les longs bords costauds sous spis en bordure des côtes portugaises, dans les fortes rafales de vent au passage de La Palma (Canaries), sous le cagnard et entouré de sargasses au milieu de l’Atlantique ou encore dans les grains de cette fin de course, Nils et Julien n’ont jamais baissé la garde et sont allés aller chercher cette victoire avec leurs tripes et leur cœur.
« On va tenir sur l’adrénaline mais il est temps que ça se termine ! Ça fait 48 heures que c’est dur très dur. On ne lâchera rien ! » écrivait Julien quelques heures avant l’arrivée.
Une option nord longuement réfléchie et assumée
Sur la route des Antilles, à environ 1500 milles de l’arrivée, les duos se sont scindés en deux groupes distincts : les partisans d’une option nord et ceux d’une option sud. Nils et Julien auront retardé leur choix jusqu’au dernier moment, après avoir analysé encore et encore les fichiers météos. C’est sans doute à ce moment de la course que les skippers TeamWork ont construit leur victoire. En choisissant l’option nord, plus courte mais avec un alizé moins stable, Nils et Julien faisaient un pari sur l’avenir et sur le fait que l’anticyclone allait bien se reformer pour avoir du vent soutenu avec un bon angle sur la fin de course, un pari longuement réfléchi et assumé. Une fois cette décision prise, le duo franco-suisse n’a pas ménagé sa peine pour prendre les commandes du groupe le plus au nord et finalement la tête de la course vendredi 28 mai dans l’après-midi pour ne plus la lâcher jusqu’à la victoire finale.
La Transat en Double 2021 restera une incroyable réussite sportive pour les deux skippers du Figaro TeamWork qui auront montré toute leur pugnacité, mais également leur talent et leur sens de la stratégie sur un bateau exigeant et dans des conditions météos parfois bien engagées.
Les réactions de Nils et Julien à l’arrivée :
Nils Palmieri : « Gagner une transat sur ce circuit-là, ça a énormément de valeur. Et je suis hyper content pour Julien et pour moi. Julien le méritait vraiment car c’est un super bon gars, il est hyper fort. C’est un truc de malade, on n’en revient toujours pas. Les 3-4 dernières journées étaient horribles avec beaucoup de sargasses et des grains. À un moment on s’est arrêté complétement, le bateau en travers dans les sargasses, on se disait ‘on ne va jamais arriver au bout’.
J’ai su que la Transat en Double était pour nous depuis que j’ai su que je naviguais avec Julien ! Le bateau est super bien préparé et je commence à bien le connaître, julien est hyper talentueux. Dès le début j’ai compris qu’on n’allait rien laisser au hasard et qu’on pouvait vraiment avoir une super belle carte à jouer. On était tout le temps dessus, on faisait des quarts très, très courts. On allait tout le temps au charbon pour libérer la quille des sargasses et pour prendre les bonnes risées. Julien et moi, nous sommes assez touche-à-tout, assez polyvalents. Il y a plein de moments pendant la Transat où l’un des deux disait ‘tiens on pourrait régler le bateau de cette manière’. Et l’autre disait ‘Ah ouais j’y avais pensé aussi, bonne idée, on y va’. Il n’y a jamais eu de désaccord, il y a toujours eu des compromis car on vient de la même école.
Cette victoire est magnifique. Avec Julien on a vécu des moments hyper durs mais hyper forts. On a souffert ensemble. C’était haut en émotions. Je pensais que ça allait être une petite traversée comme ça. Et là j’en ai eu plein la vue. L’accueil est incroyable ici à Saint-Barth, merci. On hallucine, ça fait chaud au cœur. Avec Julien on est tellement contents, c’est fabuleux. »
Julien Villion : « Entre le Figaro 2 et le Figaro 3, ce n’est pas du tout le même engagement. On s’est donné. Je crois que je ne me suis jamais autant donné. Depuis 48 / 72 heures, j’ai cru qu’on n’allait jamais y arriver. On a eu énormément de sargasses. Honnêtement c’était la plaie, la vraie plaie. On s’est arraché les cheveux.
C’est une transat longue et on n’avait pas d’info météo jusque tard sur la fin de l’Atlantique. On avait préservé nos chances de pouvoir jouer différents trucs. Et c’est vrai qu’on a eu un long apéro un soir au moment de la sortie des fichiers météos, et en présentant la situation à Nils, je lui ai dit : ‘je le sens comme ça, il faut y aller’. Et l’option nord, c’était le bon choix.
Le fait d’être passionné par la météo m’a servi sur cette transat. J’ai passé un paquet de temps à penser à Jean-Yves Bernot (ndr : météorologue avec lequel Julien Villion a travaillé) sur l’eau. Et je m’étais promis que je ne voulais pas être que dans la case des routeurs et que je pouvais gagner sur l’eau. Et c’est fait, c’est très bien.
On était confiants dans nos chances, confiants dans notre duo, on savait que ça pouvait marcher super bien et qu’on avait des armes. Elle est ouverte cette transat et elle est dur et elle est belle. En tout cas on oublie tout d’un coup, quelle arrivée !
Je me souviendrai toute ma vie de cette arrivée à Saint Barth. Ça nous a pété à la gueule. Deux heures avant de voir le premier bateau on était sous un grain de pluie, on pensait que tout s’arrêtait. Ça décuple le moment de l’arrivée, on a senti que c’était la fin du tunnel. Après ce nuage-là, il y a eu le premier bateau, puis un, puis deux… Jamais je ne me serai attendu à voir autant de monde. Incroyable. Merci Saint-Barth. »